Canigou : montagne sacrée, vénérée par les hommes et élevée au rang de "montagne regalade", montagne qui offre tout.. refuge des fées
(encantades) des sorcières (bruixes) et du dragon qui effraya selon la légende Pierre III d'Aragon, premier souverain à l'escalader.
Les titres racoleurs du conseil général des Pyrénées
Orientales, m'ont fait débordé
d'enthousiasme. J'avais surfé sommairement sur quelques sites qui annonçait un trajet de 3H menant du chalet des Cortalets au Pic du Canigou accessible à des randonneurs « même peu
expérimentés ». Je me suis dit « trop fastoche !», on va corser un peu sur 2 jours la rando, en poussant jusqu'au chalet du Mariailles pour une nuitée et un retour par le
« tour du Canigou ». Une semaine à l'avance, voilà notre nuit retenue au gîte qui propose 53 places. Chris et Carl sont partants pour l'aventure, leurs nuitées retenues in extrèmis, car
le chalet affiche désormais complet. Il nous faudra arriver avant 19 H, ou notre place pourrait être proposée...
Cela semblait cadrer, mais je n'avais pas imaginé que la piste de 20 kms
sur laquelle nous nous sommes engagés après Villerach et los masos avec l'espace se parcourait en plus d'1h30 sous peine de laisser le bas de caisse de l'auto qui n'a rien d'un
4X4...
Nous laissons la voiture à 2055 m au « ras des Cortalets » le parking
en contrebas du Chalet CAF des Cortalets pour démarrer vers 11 H. Dernière préparation des sacs, photo du groupe euphorique et c'est parti. On passe devant le chalet et un panneau expliquant le
trajet qui nous attend, la faune et la flore. Nous nous dirigeons vers un petit lac (étang du Pla des Estanyols) par le GR36 / GR10. On atteint la Fontaine de la Perdrix et on quitte le GR pour monter Sud Ouest sous le
Pic Joffre et atteindre un petit col qui nous fera basculer sur le flanc Ouest du Canigou. En raison de notre départ peu matinal, nous croisons déjà les premiers randonneurs de retour du sommet.
Ils nous alertent sur la fraîcheur des cîmes, emmaillotés de leur Kway et polaires. Je réalise mon insouciance, car n'ai prévu qu'un léger pull ! Qui finalement s'avèrera suffisant. Le chemin
remonte sous la crête puis la rejoint à la cote 2461 sur la carte IGN au Roc des isards et optons ici pour notre halte déjeuner au soleil plutôt qu'au sommet. Notre repas est animé de
façon improbable et inattendu au son de la guitare et des chants d'une famille de baba installée à l'ombre du Roc des Isards.
On repart sous la crête pour rejoindre La Porteille . A partir de là, le chemin
se fait de plus en plus caillasse et se redresse fortement à l'approche du Canigou qu'on atteint au bout de 3H20 (pause déjeuner incluse !). Il y a foule, et l'idée de nous photographier avec le retardateur, irréalisable. La table
d'orientation répertorie les vents (tramontane, ponent, marinade) la croix est là, bardée de petits fagots et du drapeau Catalan. Le temps est clair, la côte nettement découpée, on voit la mer,
le panorama à 360° présente un décor grandiose.
Nous sommes fiers de nous, mais il n'est pas trop question de s'attarder...nous
dormons au Mariailles à plus de 4 h de marche...Nous cherchons les marques jaunes ou blanches et rouge pour repartir en sa direction. Un homme et 2 ados, nous confirme, ils en viennent : c'est
par là... la paroi est presque verticale (on appelle ça une cheminée), passage impressionnant, vertigineux (que je n'avais pas non plus calculé !!). Chris passe en tête, suit l'homme à la
marinière, elle nous épate littéralement, nous laisse sur le C. (la façon la plus simple de descendre !!). Carl n'en revient pas et finalement, ça se descend comme un escalier en mettant les
mains et accessoirement les fesses! On atteint la Brèche Durier en jetant un oeil admiratif sur l'obstacle que nous venons de franchir, où des silhouettes se dessinent (un aigle, un gendarme
?)puis ce sont celles des premiers isards que nous devinons, 1 puis 2 puis tout un troupeau, pour ultime récompense. Le sentier fait d’innombrables lacets dans la pente raide. Carl
a du mal à trouver son souffle et moi je traîne. Au bout d'une interminable descente dans la vallée du Pla du Cady, un tapis de mousse accueille nos pieds douloureux mis à rude épreuve par les
cailloux roulants (the Rolling stone !) et on atteint le refuge d’Arago, sorte de petite cabane en pierre abandonnée. Certains ont planté leur tente, nous accèlérons la cadence pour rejoindre le Mariailles avant 19h, mais
la fatigue, la traversée des torrents nous font chuter 1 par 1, nous rappelant à l prudence. Enfin au détour d'un bois, on aperçoit ce qui ressemble à un gîte sur l'autre versant de la montagne.
Il ne s'agit que de la bergerie qui précède le refuge mais il ravive l'espoir de la douche proche et du repos mérité.
Le refuge de montagne est enfin là, (19h30) plein à craquer de convives
attablés. Nous avons confirmation -ouf !- de nos 4 nuitées (15€/pers), empruntons la casserole (oubliée!) pour chauffer l'eau de nos bolinos, puis filons à la douche (3 €) et enfilons avec délice
les chaussons mis à disposition. Une veillée au son des chants et de la guitare anime le chalet, mais rejoignons bien vite notre dortoir de 12 couchettes partagées avec 4 espagnols et 3 mamies
ronfleuses équipées de Boules Quiès.