randos à partager, plaisir de découvrir des paysages, terroirs et histoires locales
Depuis plus de 6 mois, notre projet d'entreprendre une partie de la Grande Traversée des Alpes alimente nos apéros partagés avec l'ami Bubu.
Nous optons pour le GR 52 Variante qui
permet de traverser le Mercantour et de rejoindre la Méditerranée à Menton. Il se parcourt en 5 à 6 jours pour une centaine de kms et nous semble sportif mais raisonnable
en bivouaquant et
transportant nos 6 journées de repas. Le topo guide en poche, et une dernière mise au point du contenu de nos sacs, et nous voilà au départ de St Dalmas Valdeblore vers 9h dimanche 4 Août au
matin.
Saint Dalmas Valdeblore - Le Boréon
D+ 1510 mètres, D- 1170 mètres, 23 kms durée 11h (pauses incluses)
On amorce directement une grimpette sévère à un bon rythme que je suis incapable d' assumer avec les 11 kgs de mon sac qui me
coupe le souffle. Fred et Alain m'allègent de 2 bons kgs. Contrite, je me désole de jouer les boulets et j'essaie de garder la cadence, tandis qu'Aurore Bubu, Alain et Fred prennent le temps
d'une photo sur la pointe du vallon de Bramafan. Je prends un peu d'avance, croise un Vététiste (faut être malade !) et reprend un peu confiance. Nous faisons une pause dans la
montée du col de Veillos, au-dessus du parking d'où partent des familles entières qui gagnent les lacs des Millefonts.
On rejoint le col du Barn, avec déjà la crainte d'avoir épuisé nos 2 litres d'eau respectifs. La pause déjeuner auprès
du lac long
nous permet de nous réapprovisionner, nous ressourcer et entamer nos repas déshydratés. Fred et Alain se baignent dans
cette eau fraîche à 2395 m d'altitude.
Puis repartons vers le sommet du col à 2452 m, surplombant les lacs
et discutant avec une randonneuse itinérante et un grenoblois légèrement moqueur qui nous interroge sur notre destination. On entre dans le parc du Mercantour
et descendons à travers la forêt en longeant des torrents
naissants jusqu’à la vacherie du collet en se faisant dévorer par les moustiques et taons. Une piste
large nous
emmène au col de Salèse puis une longue descente le long du lit du torrent; les derniers kilomètres sur le goudron
nous achèvent…d'autant qu'en arrivant au Boréon, vers 19h le gîte affiche complet, ainsi que les autres hébergements : camping et
hôtel -accès en auto oblige...et son propriétaire nous conseille de descendre jusqu’à la vacherie du Boréon.
On plante la tente en travers d’un petit sentier, au-dessus des parkings du parc du loup et la douche tant espérée se fera à l'économie avec la gourde.
Je suis carrément honteuse des conditions de ce premier bivouac, dont s'accommode heureusement Aurore dont je ne connaissais pas l'adaptabilité.
Etape 2 : Le Boréon – La Madone de Fenestre
D+ 1550 mètres, D- 950 mètres, arrivée vers 18 h
Au matin, l'humeur est joyeuse, nous démarrons vers 8 h, en prévoyant une étape
plus courte. Nous réapprovisionnons
nos gourdes au gîte du Boréon, et son propriétaire nous explique
qu'une tempête, lundi, a provoqué la chute de nombreux arbres. Ce seront ainsi plusieurs obstacles à franchir en montant progressivement en forêt.
Nous
trouvons de nombreux touristes qui montent au joli lac de Trécolpas (2150 m). Nous nous installons pour déjeuner face à sa petite
presqu’île
et
profitons de ce joli décor pour une petite lessive et séchage,
tandis que Fred se baigne dans l'eau où fond la neige encore largement présente.
On remonte par un sentier bien raide, jusqu’au Pas des Ladres
(2448m)
en apercevant les chamois dans les bancs de neige.
La descente est moins difficile, et on arrive dans l'après- midi au sanctuaire et au gîte de la Madone de
Fenestre,
s'assurant cette fois de pouvoir prendre une douche. Le bivouac
est ainsi beaucoup
plus agréable et tandis que nous prenons le temps d'une lessive dans le torrent, et d'un bain pour Fred
Alain sympathise avec les bergers (père et fils)
de la vacherie où nous achèterons un délicieux fromage accompagné d'une tarte aux myrtilles achetée au gîte.
Etape 3 : Du Mont Colomb au Lac Niré :
Au matin, le départ se fait tranquillement, après un dernier salut aux bergers,
et badigeonnage de crème solaire, nous montons vers le Pas du Mont Colomb.
Il fait chaud et nous
apprécions d'être sur un versant ombragé . Le sentier est par endroit très accidenté
et l'arrivée au sommet précédée d'un passage enneigé,
particulièrement escarpée.
La descente commence par une désescalade abrupte qui nous rappelle la cheminée du Canigou, puis on reprend notre cheminement à travers les pierriers et les éboulis
pendant un long moment. C'est fatigant et les portions sur la neige l'occasion de quelques chutes.
Apparaît
bientôt le barrage formant le lac de la Fous.
On s'offre une longue
pause déjeuner au refuge de Nice ,
amusés
par les poules et
charmés par ce décor. Ce sera encore une étape courte car après le passage près d'une jolie cascade
nous croisons un couple qui nous annonce une prometteuse « Baisse du Basto » particulièrement
difficile.
Nous installerons donc finalement notre bivouac après le lac de Niré,
dans un endroit paradisiaque, peuplé de chamois,
où même la toilette à l'eau fraîche du lac ne contrarie personne.
Après avoir observé les
passages de chamois pendant de longues heures, et la montée des nuages qui nous réserveront une nuitée pluvieuse et venteuse, nous entamons une partie
de cartes mémorable
qui fait oublier la difficulté prévue pour le lendemain.
Etape 4 : Baisse de Basto – Vallée des Merveilles- Col de Raus
7h
Au réveil, nous attaquons la fameuse montée enneigée, puis nous
aventurons à travers les pierriers et de gros éboulis,
perdant parfois les traces du GR, s'aidant des mains, fesses et rampant plus ou moins à 4 pattes..On rejoint la Baisse
du Basto, soumise à un vent violent au sommet puis on entame une descente toute aussi minérale et bien enneigée
pour rejoindre l' immense lac du Basto,
au milieu de nombreux chamois et de quelques gouttes de pluie qui nous font enfiler le poncho.
On reprend la marche pour une courte montée en lacet à la Baisse de Valmasque, et sommes impatients de découvrir sur l'autre versant la fameuse Vallée des Merveilles.
On
trouve enfin les célèbres gravures rupestres, dont la stèle du chef de tribu.
On s'avoue tous un peu déçu, et avons du mal à distinguer les dessins dans les marques répertoriées comme monument historique. La
surveillance omniprésente de gardes communiquant avec leur talkie-walkies est même un peu irritante.
On arrive pour déjeuner au refuge des Merveilles, où un guide nous alarme sur les
conditions météo prévues sous alerte orange pour l'après midi. Nous sommes toutefois plutôt fringants et le ciel semble nous autoriser à pousser en dehors des limites très réglementées de la
vallée des Merveilles pour bivouaquer après la cime du diable. On contourne plusieurs lacs jusqu’au
Pas du Diable
et rencontrons des chamois décidément peu farouches.
Au sommet on tente de deviner l’étendue d’eau bleue qui nous attend…Bubu sent même les embruns marins, ils me
laissent prendre la tête du cortège à flanc de crête pour pouvoir trouver un site de bivouac qui puissent nous raccourcir un peu la prochaine étape... Elle prévoit d'être longue et dans des
conditions climatiques moins optimales que jusqu'alors. Nous posons nos tentes au col de Raus,
avec la déception de ne trouver aucun point d'eau. En ligne de mire, le vieux fort en ruine de l'Authion et une vacherie située à plus d'1 heure,
qu'il ne serait pas raisonnable de rejoindre avec notre état de fatigue, la tombée de la nuit et les nuages s'amoncelant. Nous profitons du spectacle, avec un troupeau de
mouton rassemblé par un berger et son chien sur l'autre versant et quelques chamois dont nous contrarions visiblement le parcours et qui resteront à proximité de nos tentes, le temps de notre
partie de cartes.
Etape 5 : Col de Raus – Sospel
D+ 680 mètres, D- 2430 mètres , 10h
Avant-dernière étape aujourd’hui, mais quelle longue étape !
Puisqu’on sait que la journée sera longue et sans doute tourmentée, Fred anticipe en nous réveillant vers 6 heures. On range la tente rapidement, puis on entame un long parcours de crêtes, où la
pluie ne tarde pas à nous surprendre. Il nous emmène tout d’abord à la Pointe des Trois Communes. On hésite à poursuivre directement sur Sospel par un sentier
qui coupe au plus court, et nous ferait gagner deux bonnes heures de marche par rapport au topo. Mais le
manque d'eau (seulement dans les gourdes !) et l'orage grondant de plus en
plus fortement nous incite à faire le détour par le gîte de camp d'argent. Nous y serons bien accueillis avec un bon chocolat chaud pour nous réchauffer de
l'atmosphère humide et brumeuse qui nous donne malgré tout un beau spectacle, mais nous prive
de la vue panoramique sur la mer, que le propriétaire nous situe à flanc de montagne par les baies vitrées, précisant même qu'il y aperçoit les ferries de Nice...(ha ! Ces
gens du sud !!)
Un peu séchés,
nous reprenons la route et une nouvelle averse nous cueille dès la sortie du gîte.On arrive toutefois à s'émerveiller des bouquets de lavandes sauvages qui jonchent le chemin et de quelques
fraises des bois dont on se régale sur le chemin d'un ancien village en ruine commémorant, char à l'appui, les combats violents qui ont eu lieu à la libération de 1945. Le cheminement est ensuite
glissant dans les sentiers boueux menant à la Baisse de Ventabren,
la Baisse de Déa, où nous déjeunerons et tenterons de sécher un peu. Au sommet de Mangiabo (1821 m) la vue à
360° est sublime.
A peine le temps de la savourer et la vraie descente commence,
d’abord raide dans les alpages, puis de manière plus régulière dans la forêt. On
tente
de deviner le village de Sospel alentours et lorsqu'on l'aperçoit enfin, il semble persister à rester inaccessible et éternellement lointain malgré les encouragements de nos premières
cigales.
On arrive enfin à Sospel vers 19h et il faut rapidement poser nos tentes au camping municipal Donato, et accessoirement soigner les ampoules, pour aller s'approvisionner à l'épicerie de quelques tomates et pêches dont nous rêvions sur le parcours.
Etape 6 : Sospel – Menton
D+ 1015 mètres, D- 1355 mètres, 8h
Au réveil, l'enthousiasme est palpable, nous touchons au but. Une visite rapide du village nous permet de
découvrir son vieux pont médiéval et ses façades colorées. On tâtonne pour retrouver le GR52 en faisant fausse route par la coopérative et chacun y allant de son pronostic de la direction qu'il faut prendre pour le col du Razet, en poursuivant
ou non par le PR jaune emprunté par erreur. Nous finissons par rebrousser chemin et ne démarrons finalement de Sospel que vers 9h30
sous une chaleur
écrasante et une montée abrupte durant deux bonnes heures qui malgré l’ombre de la forêt, nous fait transpirer à grosses gouttes. Dans ces conditions, la fontaine de l'Albaréa est quasi
miraculeuse et nous offre un bonheur total,
nous éclaboussant et réhydratant avec délice.
Au col du Razet, on savoure enfin une première vue sur Menton et la mer ! Nous déjeunons au pied du Grand Mont (frôlant la frontière italienne) en étalant nos affaires à sécher à l'ancienne bergerie de
Colla Bassa. Puis on descend sur Mourga et commence une remontée dans les ruines de l'ancien Castellar sous une chaleur d’enfer maugréant après les auteurs du tracé de ce GR 52 (messieurs
Hansotte, Guerkian et Dardennes) qui ont poussé le vice jusqu'au bout nous faisant regrimper au col du berceau (1090 m) offrant certes une vue impressionnante mais qui se mérite !
Une heure d’effort plus tard, plus aucune montagne ne se dresse devant nous. Juste la mer, immensité bleue s’étendant à perte de vue.
Deux heures d’une descente laborieuse, raide, à travers des graviers glissants, sous une chaleur d’enfer, nous emmène aux premiers signes de civilisation : le viaduc de l’autoroute, les riches
maisons… les bougainvilliers magnifiques et enfin… Menton, le bord de mer !
Bien conscients de notre tenue complètement extravagante parmi les touristes élégants ! le retour à la réalité estivale de la Côte d’Azur est un peu difficile : foule, bruit, agitation… d'autant
que pour accèder au camping St Michel, nous empruntons un tunnel, où la pollution nous fait vivement regretter la montagne …Et
comble du final de l'étape, un chien surgit d'un portail et se jette sur Fred. Un reflex heureux, permet aux mâchoires canines d'aboutir dans les alvéoles moelleuses du matelas autogonflant,
plutôt que dans les cuisses musclées de mon homme, qui fatigue aidante est dans tous ses états. Le camping est top et peu coûteux, il nous permet de passer une bonne soirée autour d'une onctueuse
pizza et de nous permettre le lendemain un accès à la plage par des escaliers dont le dénivelé n'a aucune mesure avec les 5 000 mètres de dénivelés positifs cumulés franchis ses 6 jours.
La baignade n'est que bonheur mais il
faut déjà penser au retour...
J'avais misé sur 5 jours de randonnée itinérante et n'avait pas envisagé que le dimanche, le trajet retour sur St Dalmas en Rando bus
pourrait s'avérer plus compliqué. Aussi nous prendrons le train dans l'après midi vers 15h en direction de Nice, et trouverons la ligne Azur N°730 qui conduit ce samedi jusqu'au village de St
Martin de Vésubie.... pour 1,50 € seulement .Pour rejoindre St Dalmas à 1 dizaine de kms nous misons sur le stop, (où je me montrerais assez efficace), grâce à un charmant couple de randonneur de
86 ans. Notre périple terminé, nous nous félicitons et séparons sur la promesse de partage de nos photos (3 X 500 environs!!) et si la nostalgie du spectacle des montagnes nous étreint, l'envie
de retrouver un doux matelas, un repos mérité et des repas dignes de notre gourmandise prend le dessus.
Notre retour sera parsemé des jolis panoramas du col de la bonette,
du village de Barcelonnette, de
retrouvaille familiale au cabanon de l'oncle Dédé à Chabotte (près de Gap) et de baignade dans les eaux du barrage de Serre-ponçon.(toutes les photos à voir en diaporama dans l'album GR 52
Mercantour à droite)