L’envie de découvrir la Corse m’était venue, à l’époque du blog « orange » en découvrant le reportage de « Mimirando » sur Girolata et le sentier du facteur Guy. J’ai perdu trace de ce couple de randonneurs avec la disparition décevante de nos blogs, mais leurs photos et enthousiasme m’avait hypnotisée, quasi-ensorcelée !!

Ce hameau, accessible seulement par la mer ou depuis un sentier qui serpente à fleur de rocher avec un décor panoramique somptueux était devenu mon idée fixe. Elle a failli tourner au cauchemar après une chute de ma maman...

Leçon qui nous a rappelé les dangers du moindre faux pas, et sensibilisé à la désertification de la médecine rurale en Corse. Elle nous a coûté une belle frayeur, 8 points de suture à la tête (dure !) de ma mère et une rencontre bien réjouissante avec un dévoué docteur ressemblant à Georges Clooney qui valait le détour par Cargèse ,ma foi (pour le charme...de cette ville!!).

Nous n'avons pas renoncé cependant et avons entrepris le lendemain cette sublime randonnée, parcourue quotidiennement , pendant de nombreuses années par Guy Ceccaldi, le célèbre postier (vedette de plusieurs reportages TV). Il assurait la liaison postale, lorsque la mer déchainée ne la permettait pas. Nous avons aperçu ce personnage emblématique, à Partinello où il s'assied en bord de route, savourant désormais sa retraite devant le paysage grandiose témoin de sa performance athlétique qui lui a valu le surnom de « marathon man ». Nous avons laissé la voiture au parking du col de Croce et immortalisé notre deuxième départ devant la buvette aménagée pour la belle saison. Une table d’orientation permet d’embrasser la beauté du site, avec une vraie palette de couleurs offerte par la réserve de Scandola au granit rouge vermillon, le maquis et son tapis vert émeraude jusqu’au bleu turquoise de la Méditerranée.

La randonnée débute par une longue (et glissante) descente à la fontaine de Spana, joliment ornée de galets puis à la plage de Tuara. Là, nous avons été accueillis par un beuglement : « ne bougez plus ! » qui ne donnait pas envie de désobéir... 2 bergers à flanc de collines regroupaient un troupeau de chèvres à grands cris. Assez bourrus, ils nous ont toutefois, judicieusement indiqué la variante Tra Mare e Monti pour surplomber le village en grimpant la colline et garder le sentier littoral pour le retour. On découvre après une rude montée, au détour du maquis, le fortin de Girolata sur son mamelon de granit. On arrive enfin sur la plage de Focaghia où mouillent quelques navires, encore plus nombreux sans doute en pleine saison. Elle est assez sale, avec des déchets accumulés, en raison sans doute de la haute fréquentation. En ce mois d'avril, le village est assez calme, quelques enfants qui nous proposent des cartes postales, quelques randonneurs qui font étape et des stands artisanaux au milieu des maisons de pêcheur de langouste. Nous avons pique-niqué en hauteur près de l'héliport et nous sommes gavé de la beauté du paysage. Au retour Fred et les filles ont eu le courage de se baigner sur la jolie plage déserte de Tuara, où je n'ai personnellement que trempé la pointe d'orteil.

Cette même excitation du départ, je l'ai vécue en avril 2008.

J'avais décidé Fred et mes parents à aller randonner en Corse. Pas d'avion pour effrayer mon homme, et la joie de partager cette expédition avec les miens en embarquant tous, dans notre véhicule de 7 places. Nous avons pris le ferry à Toulon au petit matin, pour une traversée de 6H, l'attente sur le quai avant l'embarquement semblait interminable. Mais quel spectacle à notre arrivée sur l'île de beauté...! Nous avons rapidement quitté Ajaccio pour nous rendre à Serriera, un petit village à flanc de montagne, situé entre calanque de Piana et réserve de Scandola, 2 des plus beaux sites de l'île.

 L'arrivée sur les calanques à l'heure où le soleil décline et éclaire de ses feux rougeoyants les falaises est un souvenir vraiment inoubliable. Sous l'effet de la lumière, planait une atmosphère mystérieuse où tout semblait s'animer et prendre vie. Les rochers se colorent d'un rouge intense et certains d'entre eux suggèrent des personnages de songe et sollicitent l'imagination. Et mon imagination avait déjà fonctionné...lors de la préparation de ce voyage. La réalité encore plus belle que mes rêves, un vrai moment de bonheur.

Que tout le monde soit rassuré, je suis allée vérifier moi-même, les rennes du père Noël sont prêts pour la nuit prochaine...et moi j'ai passé commande en direct...je m'envole bientôt ...j'ai fait tourné la planète et c'est le jeu ma pôv Lucette...j'ai visé la destination de mes rêves

Le soleil de la matinée était prometteur, nous nous sommes rendus au cœur des Combrailles, à Montaigut où nous avons laissé la voiture au pied de la mairie.   Un petit tour dans les ruelles qui nous conduisent jusqu’au site de l’ancien château, enfin de ses quelques restes…                             il est 11 h nous nous enfonçons dans la forêt domaniale du quartier,   dans les chemins givrés où une pluie de petits glaçons tombent des arbres. On émerge des bois pour entrer dans le village de Youx d’où l’on surplombe St Eloy les mines,   l’ancienne cité minière, reconvertie dans la production de la laine de roche (issue des roches volcaniques car nous sommes aux portes de l’Auvergne).  Depuis quelques années, un plan d’eau a été aménagé, c’est là que nous avons pique-niqué après déjà 2 bonnes heures de marche. Sur le plan d’eau un cygne, avec  en décor de fond la cheminée fumant et puis en en faisant le tour nous apercevons  une oie sauvage.  Un jour peut-être, je m’offrirai un zoom plus efficace, pour l’heure il n’était pas question de faire trempette pour m’approcher.   Un petit pont de bois surplombe l’arrivée en cascade du ruisseau qui alimente l’étang, puis retour à la civilisation traversons la route,  et nous rengouffrons  dans les chemins boueux et rejoignons le balisage jaune de la nouvelle balade que nous souhaitions enchainer après celle de St Eloy. 14 kms encore à parcourir alors qu’il est presque 15 H. La nuit et le froid risquent de nous surprendre. Fred m’encourage à courir dans les descentes, et là, je le maudis parce qu’il a trainé ce matin et que j’ai piaffé une bonne heure avant qu’il ne termine son petit-déj ! Donc à vive allure nous arrivons à l’étang de Montmazot en grande partie gelé     . Nous traversons ensuite la nationale 144 pour risquer notre peau dans la forêt de Balaty…où on entend les chiens de chasse et enjambons les panneaux : danger chasse tir de balles. Nous avons réussi à éviter les chasseurs comme ce petit renard qui se faufile à quelques pas de nous…retour sur Montaigut avec le profil du Puy-de Dôme pour nous encourager, le clocher affiche cette fois 17h30 et la nuit ne tombe qu’à notre arrivée à la voiture, pari remporté, un bon bain chaud pour clôturer cette belle journée à la météo clémente.

L'épisode neigeux s'est estompé, mais nous restons bien au chaud ....même pas le temps de s'apercevoir entre voisin ! Pourtant notre village est chaleureux, à l'image de son lavoir  tempéré entre 12° à 14° quelque soit la saison.