Arrivés complètement « rassouillés » aux Estables, nous avons été accueillis au Passadou, par Chantal, adorable, qui a proposé de passer nos affaires au sèche-linge – ben oui, quoi !! l’auvergnat de Brassens qui propose son feu de bois n’est pas en voie d'extinction…il s’est simplement modernisé !
De quoi nous rendre un peu plus présentable, pour nous ravitailler dans cette jolie station de ski (située à 1343 m), prise d’assaut ce jour là, pour le rassemblement annuel du Club 911 Type G . Des centaines de Porsches ronronnent autour du Caprice des neiges, des chalets du Mézenc et de l’Alambre… tandis que nous et nos godillots dégoulinants, faisons un peu tâche auprès des bolides mythiques. Au matin la météo ne s'est guère améliorée...le climat de la région est rude à cause de l'altitude (le Mézenc culmine à 1753 m et son frère jumeau, le Mont d'Alambre, à 1691 m) et les précipitations déversées par les vents montant de la Méditerranée donnent d'interminables averses, changées en couche de neige l'hiver. Nous avons donc pris vers 9h, le sentier des pistes jusqu'à la croix de Peccata, en souhaitant que le brouillard se disperse sous l'effet du "burle", le vent glacial qui transforme ces lieux en petite Sibérie. L'ascension du Mézenc demande à peine 45 mn, mais malheureusement, arrivés à la table d'orientation, le panorama ouvert sur le cirque des Boutières, n'est visible que dans la lave noire gravée....Je dégote quelques cerises qui nous confirment que nous sommes bien en juin, et cache tant bien que mal ma déception. La pluie met du sien alors que nous descendons au niveau d'un magnifique gîte au toit de chaume, à l'abandon et à vendre. Vers midi, la pluie cesse, le brouillard se déchire et le cirque hérissé de sucs, ces volcans sans cratères jaillissant telles des taupinières au milieu de grands espaces et d'aiguilles péléennes se dévoile enfin. Nous sommes encore sur les crêtes au-dessus de la route qui mène à Chaudeyrolles et profitons du décor en grignotant nos sandwiches. On émerge des bois de sapin face à la Roche Pointue, ou Dent du Diable, un rocher de rhyolite qui cacherait, selon les légendes, le trésors des seigneurs du Mézenc ou une grotte appartenant à Satan et gardée par un crapaud...Nous l'avons surpris dans les herbes...et il nous a mené tout droit au trésor: une splendide cascade qui n'est indiquée nulle part contrairement aux "narces", décrites sur panneaux du conseil général comme cuvette marécageuse où les habitants découpaient autrefois des briques de tourbes pour l'utiliser comme combustible, comme en Irlande. Nous prenons une pause au pied de la cascade du Salin sur fond de Dents du Diable et mont Mézenc puis reprendrons notre long cheminement jusqu'au lac de St Front. Ce maar (ancien cratère volcanique rempli d'eau) dessine un cercle bien rond mais évoluera à terme en tourbière comme les narces voisines où s'échouent désormais les parapentistes. La fatigue nous submerge, et nous arrivons au gîte des Mille fleurs exténués et éberlués du confort qu'on nous propose en guise de gite d'étape.